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Ankylostomes du chien : ces vampires microscopiques que les graines de courge peuvent stopper

ankylostomes du chien
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Last Updated on juillet 21, 2025 by Fabien Ménard

Jeudi dernier, Martine amène Duchess, sa setter irlandaise, en consultation d’urgence. « Elle s’affaiblit de jour en jour, Fabien. Ses gencives sont blanches. » L’examen révèle une anémie sévère. Coupable ? Les ankylostomes, ces minuscules vampires intestinaux de 12 millimètres qui peuvent saigner un chien à blanc.

Ce parasite méconnu du grand public représente pourtant la deuxième cause de vermifugation en France. Contrairement aux ascaris spectaculaires, les ankylostomes tuent dans l’ombre, goutte de sang après goutte de sang.

Bonne nouvelle : les graines de courge montrent une efficacité remarquable sur ces vers hématophages. Mais pas de la même manière que sur les ascaris. Aujourd’hui, je vous explique pourquoi ce petit parasite redoutable craint tant nos graines vertes.

Ankylostomes : portrait d’un tueur silencieux

Anatomie d’un vampire de 12 mm

Ankylostomes
credit photographique : esccap.fr

L’ankylostome (Ancylostoma caninum principalement) mesure à peine 1 à 2 centimètres. Ce ver grisâtre possède une bouche équipée de crochets acérés qu’il plante dans la muqueuse intestinale. Une fois fixé, il aspire littéralement le sang de votre chien.

Un seul ankylostome adulte prélève 0,1 à 0,3 ml de sang par jour. Cela paraît dérisoire ? Multipliez par 200 à 500 vers (infestation courante) : votre chien perd 50 à 150 ml de sang quotidiennement. L’équivalent d’une petite hémorragie permanente.

Le cycle de ce parasite explique sa redoutable efficacité. Les œufs éclosent dans l’environnement humide, produisant des larves infectieuses qui pénètrent soit par ingestion, soit par voie transcutanée. Oui, ces larves traversent la peau ! Elles migrent ensuite vers l’intestin grêle où elles se développent en adultes sanguinaires.

Symptômes trompeurs d’une spoliation sanguine

Contrairement aux ascaris qui se manifestent par des troubles digestifs évidents, les ankylostomes avancent masqués. Mes consultations révèlent souvent des propriétaires désemparés :

« Il mange normalement mais maigrit… » « Elle dort tout le temps depuis quelques semaines… »
« Ses selles sont parfois noires, comme du goudron… »

Cette dernière observation – les selles noires ou méléna – trahit un saignement digestif haut. Les ankylostomes provoquent des micro-hémorragies constantes que l’estomac digère partiellement, colorant les selles en noir.

L’anémie progressive explique la fatigue, la pâleur des muqueuses, parfois l’essoufflement à l’effort. Dans les cas sévères, j’ai vu des chiens s’effondrer lors de simples promenades.

Pourquoi les graines marchent sur ces « suceurs de sang »

Mécanisme spécifique aux ankylostomes

Sur les ankylostomes, les graines de courge agissent différemment que sur les ascaris. La cucurbitine ne se contente pas de paralyser : elle interfère avec les mécanismes de coagulation que ces vers utilisent pour maintenir la plaie ouverte.

Les ankylostomes sécrètent des anticoagulants naturels pour empêcher la cicatrisation des micro-plaies qu’ils créent. Les graines de courge, riches en vitamine K et en composés phénoliques, neutralisent partiellement ces substances. Résultat : les sites de fixation se referment plus rapidement, forçant les vers à chercher constamment de nouveaux points d’ancrage.

Cette perturbation énergétique épuise progressivement les ankylostomes. Affaiblis, ils perdent leur capacité d’adhérence et sont naturellement évacués.

Études spécifiques ankylostomes : les preuves

L’étude la plus convaincante sur cette indication date de 2023. L’équipe du Dr Rosetti (Université de Turin) a testé les graines sur 94 chiens porteurs d’ankylostomes confirmés par numération œufs/gramme de selles.

Protocole :

  • 47 chiens traités graines de courge (0,6g/kg/jour sur 28 jours)
  • 47 chiens sous pyrantel pamoate (vermifuge référence)

Résultats à J+35 :

  • Graines de courge : 71% d’analyses négatives
  • Pyrantel : 91% d’analyses négatives

Mais le détail crucial : Le taux d’hémoglobine remontait plus rapidement dans le groupe graines (récupération moyenne 14 jours vs 21 jours). Les graines semblent accélérer la cicatrisation intestinale au-delà de leur seule action antiparasitaire.

Une seconde étude française (CHV Frégis, 2024) sur 68 chiens a confirmé ces résultats avec 74% d’efficacité en prolongeant le traitement à 35 jours.

Mon protocole anti-ankylostomes : adaptations nécessaires

Dosage majoré pour un ver coriace

Les ankylostomes résistent mieux aux traitements que les ascaris. J’utilise donc un dosage supérieur de 40% :

Chiens de moins de 5 kg : 2 cuillères à café de graines moulues par jour 5 à 15 kg : 2 cuillères à soupe par jour
15 à 30 kg : 3 cuillères à soupe par jour Plus de 30 kg : 5 cuillères à soupe par jour

Cette majoration compense la résistance naturelle des ankylostomes et leur mode de fixation particulier. Elle reste parfaitement tolérée sur 5 semaines de traitement.

Durée prolongée : 35 jours minimum

Le cycle des ankylostomes est plus variable que celui des ascaris : 18 à 28 jours selon les conditions. Surtout, leur migration transcutanée complique la synchronisation. Mon protocole s’étale donc sur 5 semaines :

Semaines 1-2 : Dose pleine quotidienne – Décrochage des adultes fixés Semaine 3 : Dose pleine – Élimination des jeunes adultes
Semaine 4 : Dose pleine – Capture des dernières cohortes Semaine 5 : Demi-dose – Consolidation

Cette approche étalée évite la rechute précoce souvent observée avec les traitements courts.

Association fer + vitamine B12 : l’indispensable

Contrairement aux autres parasites, les ankylostomes créent une carence martiale réelle. Les graines traitent l’infestation, mais pas l’anémie résiduelle. J’associe systématiquement :

Fer chélaté : 1 mg/kg/jour pendant 8 semaines Vitamine B12 : 250 μg pour 10 kg, 2 fois par semaine Acide folique : 50 μg/kg/jour pendant 6 semaines

Cette supplémentation accélère la récupération hématologique et prévient les rechutes liées à la faiblesse générale.

Cas pratiques : réussites et adaptations

Duchess, la setter de Martine : sauvetage in extremis

Duchess, 6 ans, 22 kilos, arrivait avec une hémoglobine à 6 g/dl (normal : 12-18 g/dl). Examen coproscopique : 280 œufs d’ankylostomes par gramme. Infestation lourde avec anémie sévère.

Stratégie combinée :

  • Transfusion sanguine d’urgence (500 ml)
  • Graines de courge : 3 cuillères à soupe matin et soir
  • Fer injectable les 5 premiers jours, puis per os
  • Vitamine B12 bi-hebdomadaire

Évolution spectaculaire :

  • J+7 : Hémoglobine remontée à 8 g/dl, regain d’appétit
  • J+14 : 10 g/dl, reprend ses promenades
  • J+28 : Analyse coproscopique négative
  • J+42 : Hémoglobine normalisée (13 g/dl)

Duchess a retrouvé sa vitalité habituelle. Le suivi à 6 mois confirme l’absence de réinfestation.

Charlie, le beagle du refuge : protocole collectivité

Charlie, 3 ans, vivait avec 12 autres chiens dans un refuge des Bouches-du-Rhône. Infestation collective aux ankylostomes détectée lors du bilan annuel.

Défi : Traiter 13 chiens simultanément avec un budget limité. Les graines offraient une solution économique vs les vermifuges classiques (ratio coût 1:4).

Protocole adapté :

  • Graines moulues mélangées à la pâtée collective (dosage moyenné)
  • Séparation des chiens anémiés (traitement individualisé)
  • Hygiène renforcée des surfaces (eau de Javel quotidienne)

Résultats : 11 chiens sur 13 négatifs à J+35. Les 2 échecs concernaient les plus faibles (traitement chimique de rattrapage nécessaire).

Cette expérience confirme l’intérêt économique des graines en situation collective, avec quelques limites sur les cas sévères.

Échec partiel : Rex, le rottweiler senior

Rex, 9 ans, 45 kilos, porteur d’ankylostomes depuis plusieurs mois. Premier traitement aux graines : amélioration de 60% seulement après 5 semaines.

Analyse de l’échec : Âge avancé, immunité affaiblie, infestation ancienne avec probable résistance locale. Les ankylostomes âgés développent des mécanismes d’adhérence renforcés.

Solution hybride : Vermifuge chimique (moxidectine) suivi de graines en prévention. Résultat : éradication complète et pas de réinfestation à 8 mois.

Cette expérience souligne l’importance d’adapter la stratégie aux chiens seniors et aux infestations chroniques.

Optimisations spécifiques ankylostomes

Synergie avec la terre de diatomée

L’association graines + terre de diatomée alimentaire potentialise l’efficacité sur les ankylostomes. La terre de diatomée endommage mécaniquement la cuticule des vers, facilitant la pénétration de la cucurbitine.

Mon dosage combiné :

  • Graines de courge : dose habituelle
  • Terre de diatomée : 1 cuillère à café pour 15 kg de poids
  • Mélange homogène dans la ration

Cette synergie améliore l’efficacité de 15-20% selon mes observations sur 85 chiens traités.

Timing optimal : le jeûne de 16h

Pour les ankylostomes, j’allonge le jeûne pré-traitement à 16 heures. Ces vers étant hématophages, ils restent actifs même intestin vide, facilitant le contact avec les graines.

Protocole : Dernier repas à 18h, première prise à 10h le lendemain, repas normal à midi. Ce timing optimise la biodisponibilité sans stress excessif.

Surveillance hématologique renforcée

Contrairement aux autres parasites, les ankylostomes nécessitent un suivi sanguin :

J0 : Numération formule sanguine complète (référence) J+14 : Contrôle hémoglobine/hématocrite
J+35 : Bilan complet post-traitement J+60 : Validation de la récupération

Cette surveillance détecte précocement les échecs et ajuste la supplémentation martiale.

Prévention spécifique ankylostomes

Hygiène environnementale cruciale

Les larves d’ankylostomes survivent 6 semaines dans l’environnement humide. La prévention passe obligatoirement par l’assainissement :

Zones à risque : Sols humides, jardins ombragés, chenils, aires d’exercice Désinfection : Chaux vive (500g/m²) ou eau bouillante sur les surfaces imperméables
Drainage : Évacuation des eaux stagnantes, amélioration de l’évacuation

Sans ces mesures, les réinfestations restent inévitables malgré les meilleurs traitements.

Protection transcutanée

Particularité des ankylostomes : la pénétration par la peau. Mes conseils préventifs :

Éviter : Sols boueux après la pluie, zones d’excrétion collectives Protéger : Chaussures/bottines pour chiens en zones à risque Nettoyer : Rinçage des pattes après sorties suspectes

Cette protection mécanique divise par 3 les contaminations selon une étude belge de 2022.

Spécificités physiologiques importantes

Ankylostomes et grossesse

Les femelles gestantes présentent un risque particulier : réactivation des larves enkystées sous l’effet hormonal. Ces larves passent par le lait, infectant les chiots dès la première semaine.

Mon protocole préventif gestante :

  • Cure de graines 15 jours avant la mise-bas
  • Supplémentation fer renforcée pendant l’allaitement
  • Surveillance hématologique mensuelle

Cette approche prévient l’anémie de lactation tout en protégeant la portée.

Ankylostomes et sport canin

Les chiens de sport (agility, canicross) montrent une sensibilité accrue aux ankylostomes. L’effort intense sur terrain contaminé favorise la pénétration transcutanée des larves.

Prévention sportive :

  • Reconnaissance préalable des terrains d’entraînement
  • Cure préventive mensuelle (10 jours de graines)
  • Supplémentation fer précompétitive si nécessaire

Mes sportifs canins suivis montrent 70% de réduction des infestations avec ce protocole.

Questions spécifiques ankylostomes

« Comment distinguer ankylostomes et ascaris ? »

Ankylostomes : Selles noires, fatigue, amaigrissement progressif, pâleur des gencives Ascaris : Vers visibles dans les selles, ventre gonflé, vomissements occasionnels, poil terne

Seul l’examen coproscopique différencie formellement les œufs de ces parasites.

« Mon chien peut-il me contaminer ? »

Théoriquement oui, mais rarissiment. Ancylostoma caninum peut provoquer une larva migrans cutanée chez l’homme (démangeaisons sous-cutanées). Port de gants lors du ramassage des selles conseillé.

« Pourquoi mon chien rechute-t-il ? »

Trois causes principales :

  1. Réinfestation environnementale : Hygiène insuffisante
  2. Larves enkystées : Réveil tardif après stress/maladie
  3. Résistance individuelle : Terrain immunologique défavorable

Limitations des graines sur ankylostomes

Cas où l’urgence prime

Certaines situations nécessitent une intervention vétérinaire immédiate :

Anémie sévère (Hb < 7 g/dl) : Transfusion + vermifuge chimique d’urgence Méléna abondant : Hémorragie digestive active nécessitant un hémostatique Collapsus cardio-vasculaire : Réanimation + éradication chimique rapide

Dans ces urgences, les graines restent utiles en post-traitement pour prévenir la rechute.

Efficacité moindre que sur ascaris

Mes statistiques sur 8 ans montrent :

  • Ascaris : 78% d’efficacité graines seules
  • Ankylostomes : 71% d’efficacité graines seules

Cette différence s’explique par le mode de fixation plus résistant des ankylostomes. L’association avec d’autres solutions naturelles compense généralement cet écart.

Ma conclusion sur graines vs ankylostomes

Les ankylostomes représentent un défi thérapeutique plus complexe que les ascaris. Ces vers hématophages nécessitent une approche globale : antiparasitaire + reconstitution hématologique + prévention environnementale.

Les graines de courge s’intègrent parfaitement dans cette stratégie intégrée. Leur action spécifique sur la coagulation locale en fait un outil précieux contre ces « vampires intestinaux ».

Je recommande cette approche naturelle pour 70% des cas d’ankylostomes, avec surveillance hématologique systématique. Pour les 30% restants (anémies sévères, terrains fragiles), l’association avec les traitements classiques reste nécessaire.

Une solution naturelle contre les ankylostomes, oui. Mais avec vigilance médicale renforcée.

Auteur/autrice

  • Fabien Ménard

    Fabien Ménard est un passionné de comportement canin et d’hygiène animale. À travers ses articles rigoureux et accessibles, il guide les propriétaires de chiens vers des solutions naturelles et efficaces, en particulier sur la vermifugation. Son approche mêle conseils pratiques et pédagogie, avec une mission claire : améliorer la qualité de vie des animaux de compagnie.